Historique

Des témoignages prouvent une présence humaine de passage ou permanente (on ne sait), depuis le Mésolithique (7500 ans avant JC). Mais c’est au Xe siècle que l’Oisans se structure avec l’implantation des villages et le contour des paroisses.

L’église d’Oulles est citée vers 1100. Elle est notée au pouillé de 1115 , à celui de 1375 de 1497 sous le vocable de Saint DIDIER. Elle fut visitée le 7 juin 1340 par Mgr AIMON de CHISSE qui la trouve bien organisée malgré la pauvreté de la paroisse qui ne compte que 20 feux.

Une chapelle St. Antoine existait au Puy d’Oulles au 17ème siècle et est mentionnée en 1888.

A noter que cette paroisse était rattachée au mandement de Séchilienne alors que toutes les autres constituent celui de l’Oisans, de Livet au col du Lautaret.

L’attirance en ces lieux isolés s’explique en partie en raison de l’importante ressource en herbe tant dans les alpages que sur les prés en pente.
Elle permettait aux éleveurs locaux de vivre de leur bétail et à la commune de louer une partie des alpages à des transhumants.

Des gisements métallifères furent autrefois exploités sur la commune (plomb, cuivre, argent), sans-doute connus depuis le Moyen-âge, les filons furent réellement exploités à partir de 1785 (plomb).

En 1852, afin d’éviter les temps morts, des maisons ont été construites sur place pour 40 à 50 ouvriers, mais ces derniers refusèrent de travailler en hiver. Ces maisons furent détruites par une avalanche, il reste encore des ruines (le filon est à plus de 2 300 m d’altitude !)

Le minerai était descendu jusque dans la vallée de la Romanche pour y être traité.

De 1905 à 1922, on exploita un gisement plus proche du village. Un treuil fut installé pour descendre le minerai jusqu’à l’usine de traitement, par une combe baptisée depuis « La combe du treuil « , prenant naissance au pied de l’arête Sud du Grand Galbert.

Au XVIII siècle la population est importante et les ressources naturelles ne suffisent plus.
Certains habitants prennent le métier de colporteur (marchand ambulant) comme partout dans les villages de l’Oisans. Ceux d’Oulles proposaient de la quincaillerie.

En 1936 un incendie détruisit une partie du village, l’Eglise et la Mairie furent reconstruites par la suite.

Avant la construction de la route achevée en 1962, les accès au village passaient par la route d’Ornon depuis la Lignarre, empruntaient une première partie de la route commencée en 1936
et arrêtée par la guerre de 1939/1945, pour ensuite prendre le chemin des carrières dont on aperçoit encore les traces, aussi par le col de la Buffe depuis Ornon par le hameau du Puy depuis la Pallud (lieux dit rocher roux) et par le hameau de Maleine depuis la plaine des Sables et la Paute. Il s’agissait de sentiers muletiers.

Construction de la route

Oulles fut la dernière commune de l’Isère à être désenclavée.

Occupation Allemande

Il est rarement fait état du passage d’une colonne Allemande de plus de 200 soldats dans ce village le 13 Aout 1944. Venant du Poursollet, les Allemands ont fusillé 2 maquisards vers la bergerie du Carrelet, incendié tous les chalets d’alpage, se sont arrêté à Oulles dans le Bar du village, ont emmené au passage deux frères (libérés par la suite à Grenoble ) ont tiré sur un villageois dans les champs en le ratant, sont descendus vers Le Bourg d’Oisans, au lieu-dit la Cote, ont encore fusillé deux maquisards, un inconnu et un nommé Bernardini.

A cet endroit la Commune a fait ériger un petit monument en bordure de route, une personne témoin de tout ceci et âgée de 94 ans peut encore en témoigner. Lors de leur passage, des maquisards venaient de se ravitailler 5 minutes avant au bar du village et ont pu échapper au pire ainsi que tous les habitants.

Julienne Girard : une grande dame de la montagne

Le 10 mai 1933 Julienne Girard, native d’Oulles en Oisans, devenait la première femme guide-porteur du Club Alpin Français. Il y a 80 ans, elle ouvrait la porte à ce métier aux femmes.

16 aout 1959, Julienne est avec sa chienne Marquise.

Julienne issue d’une famille de quatre filles, est née le 23 décembre 1907. Ses parents tenaient un café, et l’hiver son père partait colporter.

Copie de son brevet de porteur obtenu le 10 mai 1933.

C’est à l’âge de 26 ans que Julienne devint guide porteur au CAF, mais aussi membre du sauvetage en montagne.
L’hiver lorsqu’une coulée de neige avait emporté des personnes, c’était à ses services que l’on faisait appel et à celui de ses chiens d’avalanches dont elle faisait l’élevage. Mais cette activité n’étant pas suffisante pour vivre, elle descendit alors travailler à l’usine de tissage à Sarenne, au Bourg d’Oisans, et n’hésitait pas à remonter, parfois chaque soir, dans le village d’Oulles dans sa maison à la façade bleue éclairée d’étoiles jaunes que l’on peut encore aujourd’hui observer. Elle occupa également quelques temps la fonction de représentante pour la célèbre marque Singer. Mais sa vie était bien la montagne uissane et le massif du Taillefer qu’elle connaissait par cœur. Elle y emmenait volontiers ses clients en randonnées tout comme dans les fameuses mines d’Oulles. Elle avait aussi une connaissance particulière des plantes et soignait les gens du village.

Il y a tout juste quatre-vingt ans, Julienne Girard devenait la première femme guide de France.

Chaque témoignage recueilli s’accorde pour dire que Julienne était une personne pieuse, généreuse, dévouée, et il n’était pas un mariage au village sans sa participation, notamment pour fabriquer des colombes, des roses… Elle s’éteint sur un lit d’hôpital à Grenoble suite à une cruelle maladie en 1972.

Didier CAYOL

LA VIE QUOTIDIENNE À OULLES

Remerciements à Maurice Nicolussi, Didier Cayol, Oleg et aux habitants qui ont fourni ces documents.

Page mise à jour le 26 août 2021